dimanche 2 décembre 2007

Décroissance

Quand même ils ont de curieuses manières à "La décroissance". Non?
Comment veux-tu que les psy ne passent pas pour de vieux ringards si on tord leurs propos ainsi sans les prévenir ?

Alain

Début du message réexpédié :
De : Alain Dufour
Date : 2 décembre 2007 10:32:00 HNEC
À : Redaction la Décroissance <redaction@ladecroissance.net>
Objet : gravitation

Chère Madame,
J'ai bien reçu le journal et je vous en remercie.
Cependant je suis amené à vous faire une remarque qui n'est pas pur pinaillage.
J'avais écrit dans l'article : "ou en assurer une gestion épicurienne, cas des plus rares et souvent compliquée d'une donnée pas commode, la perversion." qui a été remplacé par : "soit la gérer de façon épicurienne , cas plus rare et souvent aggravé par une tendance à la perversion"


Bien volontiers je vous concède que ma formule manquait de clarté et méritait d'être amendée. Cependant en indiquant "aggravé par une tendance à " vous m'imputez une idée que je n'ai pas exprimé. Vous savez bien comment certains mots sont d'un usage délicat.
Et perversion fait partie de ceux là. Néanmoins comme psychanalyste, je ne puis à cet endroit, partager l'opinion commune. Je n'ai pas dit que la perversion était plus grave que la névrose ! J'ai écrit "compliquée", ce n'est pas la même chose.
De surcroît point de vue civique et moral il est erroné de confondre perversion et canaillerie, elle toujours condamnable. Or la phrase imprimée est ambigüe à cet égard.
Bref il y aurait beaucoup à dire sur ce difficile problème et je m'excuse de ne pas avoir su trouver un énoncé plus clair. Je ne réclame aucune rectification mais simplement de me demander mon avis si, dans l'avenir, se présentait un cas analogue.
`
Je ne vous reproche rien car j'imagine simplement que vous n'avez pas mesuré l'impact de cette différence pour un professionnel. Mais vous admettrez que notre responsabilité de rédacteur est parfois très engagée dans le choix des mots et c'est bien le cas ici quand on sait à quels errements l'actualité donne lieu en matière de perversion.
Bien à vous
A. Dufour


Le 23 nov. 07 à 14:04, Redaction la Décroissance a écrit :
Bonjour,
quelle est votre adresse postale pour vous envoyer le journal ?
Sophie Divry
Le 30 oct. 07 à 18:56, Alain Dufour a écrit :
Comme le traitement de texte n'a pas fait son boulot j'ai repris les quelques lignes.
Voici donc une version amendée pour l'orthographe et la grammaire. Il n'est pas "interdit" de commettre des fautes mais quand même...
Avec mes excuses
Bonne soirée

Alain Dufour


"Jusqu'où interdire ?" est une question pleine de malice.
D'abord parce que ce à quoi nous sommes confrontés férocement aujourd'hui est bien plutôt de savoir "Jusqu'où ne PAS interdire ? " .
Cela au moins dans les contrées dont les valeurs traditionnelles sont rejetées par principe. Autrement dit une très large partie du monde occidental mais encore nombre de celles qui en suivent l'exemple.
Ensuite parce que poser la question de l'interdit convoque tant de disciplines (en vrac anthropologie, morale, religion, philosophie, éducation, justice, police, politique, grammaire, j'en passe et des meilleures) que nous sommes à peu près assurés de la plus parfaite cacophonie.
Cependant pour ne pas me défiler je tâcherai de répondre d'une place suffisamment précise : un psychanalyste ayant une longue et large fréquentation des addictions et plus particulièrement des toxicomanies. Ce qu'elle m'a enseigné est clinique, relève de l'observation et du décryptage. Cet enseignement est à la fois simple, déroutant et parfaitement en accord avec les découvertes de Freud.
Simple puisque les sujets , c'est à dire nous tous, face à une source de jouissance telle que la drogue (mais ce peut être le jeu, le travail, le sexe etc) optons pour l'une des deux solutions suivantes : en devenir l'esclave, ce qui est l'immense majorité des cas rencontrés, ou en assurer une gestion épicurienne, cas des plus rares et souvent compliquée d'une donnée pas commode, la perversion.
Déroutante puisque les personnes bien souvent raisonnables qui se sont apercues que les inconvénients l'emportaient de loin sur les satisfactions ne persistent pas moins dans leur néfaste passion.
Freud depuis longtemps avait constaté le masochisme primordial, fondamental au principe de l'activité humaine. En son temps (ce n'est plus de mise aujourd'hui) il avait caractérisé le Surmoi comme une instance, une sorte d'autorité intérieure qui venait rappeler à l'ordre, interdire voire persécuter l'individu. Et n'est-ce pas cela qui est à l'œuvre quand malgé toutes les désillusions, toutes les vicissitudes, toutes les réprimandes et sanctions, celui ou celle qui est pris dans les rêts d'une habitude ravageante persiste encore ?
La sorte de calcul, d'économie de son activité en vient peu à peu à se réduire à une répétition assommante où satisfaction, apaisement et sanction sont indissolublement liés.
Autrement dit l'absence ou la défaillance, le contournement, la transgression de l'interdit a pour résultat son intégration son « 'intériorisation » dans le jargon psychologique, et cela sous une forme particulièrement sauvage, intraitable, carnivore.
Cette configuration existe depuis toujours mais elle se trouve aujourd'hui étrangement encouragée par une injonction incessante que je me permets de traduire ainsi : « Soyez un bon citoyen, jouissez, jouissez et consommez. Achetez, travaillez, baisez...un trésor est caché ». A quoi s'ajoute une forte recommandation : « Cultivez votre originalité, soyez un « JE » majuscule, nous avons ce qu'il vous faut pour y parvenir »
Je ne sais plus qui affirmait qu'il valait mieux un mauvais maître que pas de maître du tout. Il me semble qu'il en va souvent ainsi de l'interdit. Par essence il sera bancal, insatisfaisant, il donnera lieu à des sentiments d'iniquité et suscitera la révolte mais convenons qu'il vaudra mieux que celui fomenté en lui même par un citoyen égaré ou celui que lui imposera le retour du tyran.

Alain Dufour


Alain Dufour


Alain Dufour

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